L A C I T É D E S É T R A N G E R S
Projet développé en 2014, en deuxième et dernière année de master en architecture à l'ensapBx, sous la direction de Kent Fitzsimons, Luca Lotti et Laura Rosenbaum.
L'intitulé du projet était « Hospitality Now : L’habiter au prisme des migrations internationales », il s'agissait d'un projet expérimental dialoguant avec des écrits phares sur la question.
L'équipe s'est notamment beaucoup appuyée sur Michel Foucault (« Les Hétérotopies », 1966), Michel Agier (Campement urbain : Du refuge naît le ghetto, 2013), Jacques Derrida (De l'hospitalité, 1997) et Barabara Cassin (notamment sa conférence ENTRE, 2014).
Le programme du projet mené intègre des espaces collectifs de rencontre et de partage et des espaces de logement dans la tour Allianz du quartier Mériadeck à Bordeaux.
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« Devons nous demander à l’étranger de nous comprendre, de parler notre langue avant et afin de pouvoir l’accueillir chez nous ? S’il parlait déjà notre langue, avec tout ce que cela implique, l’étranger serait-il encore un étranger et pourrait-on parler à son sujet d’hospitalité ? ».
Ou alors de quelle hospitalité parlons-nous ? Il ne s’agit absolument pas d’une citoyenneté promise, mais d’un droit accordé à l’étranger en tant que tel, à l’étranger demeuré étranger. L’hospitalité n’est pas un compromis. L’hospitalité est un don absolu, mais c’est tout donner pour tout recevoir. Ce n’est pas une question de choix individuels, mais la condition même de l’urbanité. L’idée utopique d’une hospitalité absolue ne peut alors réellement exister, que dans une forme d’hétérotopie. Un ensemble d’espaces concrets qui hébergent un imaginaire.Des lieux à l’intérieur d’une société qui obéissent à des règles qui sont autres. Nous imaginons que ces lieux puissent former un fait urbain, où l’autochtone n’est plus « l’autre » au migrant tout comme le migrant ne lui est plus « étranger ».
Mériadeck entité symbolique de la ville maîtrisée, foyer d’une utopie moderne, entame une cinquième vie sans doute en rupture avec la rigueur métrique et l’idéal universaliste actuels. Elle apparaît dès lors comme ayant le potentiel d’accueillir les figures d’une hétérotopie de la migration où n’existe aucune restriction à la différence et aucune limite à l’étrangeté.
L’intervention se délite dans les tours de l’esplanade, le long d’un axe parallèle au tramway. En manipulant la trame existante il s’agit de repenser les volumes capables actuellement dédiés aux bureaux pour les aménager en logement.
En requestionnant la grande rationalité, il s’agit de détourner ses fondamentaux pour produire un contre imaginaire à l’habiter standard qui nous met tous dans une situation d’étrangeté. Cela fait émerger des espaces trop grands, trop hauts ou trop étroits qui nous met tous en état d’étrangeté . Les usages servent cette idée, une intimité ostensiblement affichée, en façade, redéfinit le rapport à l'autre qui devient plus familier.
Des espaces communs viennent rythmer les volumes auparavant dédiés aux circulations et redéfinissent les rapports entre l'individu et le groupe. Tous font dès lors partie d'un ensemble hétéroclite dans lequel chacun peut être un véritable acteur, avec ses singularités propres,
L’étranger n'est alors plus un être mais un phénomène, une expérience partagée et forcée par l’architecture.