FILMER L'ACTIVITÉ : COURIR EN VILLE
Travail réalisé dans le cadre d'un cours d'ethno-esthétique du Master Design Innovation Interaction Service en 2016 à l'université de Bordeaux Montaigne en Mars 2016. Prises de vues, montage et rédaction d'un travail d'analyse du sujet.
DEMANDE
Le sujet proposé était énoncé très simplement : « filmer l'activité ». Il s'agissait d'un travail comportant deux types de livrables très différents : d'un côté la production et la réalisation d'une vidéo et de l'autre une réflexion sur l'ethno-esthétique liée à cette activité.
Dans un premier temps, je suis partie sur un travail autour de l'errance et la posture situationniste de dérivation dans l'espace urbain, ces modalités de déambulation permettent de prendre le temps de découvrir de nouvelles façons de parcourir la ville en empruntant de nouveaux chemins.
Après une phase d'observation, j'ai choisi de me réorienter vers une recherche sur la course et les coureurs et plus particulièrement sur l'activité « courir en ville ». Ce choix a notamment été motivé par la plus grande facilité à pouvoir reconnaître des coureurs dans la ville et par le fait qu'eux aussi, à leur manière, font l'expérience de l'espace urbain même si le parcours est pré-établi, des arrêts ou des dérivations sont permis.
DÉMARCHE ET MÉTHODOLOGIE
Afin de mener à bien le travail, je me suis intéressée à la théorie de l'acteur-réseau de Bruno Latour afin d'analyser mon contexte objectif d'étude du point de vue de la réalité de l'activité, les discours utilisés pour définir cette activité et les manières de la pratiquer. Il s'agit de reprendre le triptyque Nature-Réel / Discours-Représentations / Socité-Collectif afin d'étudier l'ethno-esthétique de l'activité de course en ville d'un point de vue objectif.
Sur le terrain, j'ai mené plusieurs séances d'observation, d'échanges puis de prises de vues, ce qui m'a permis de nourrir ce travail de réflexion.
EXTRAIT
Dans la société urbaine actuelle, les individus sont sollicités en permanence, leur attention s'éparpille et se perd entre panneaux publicitaires, enseignes, signaux sonores et notifications des téléphones mobiles. Pourtant de nombreux individus courent pour faire le vide, être en paix, se déconnecter, se régénérer et repartir sur de nouvelles bases.
Au delà du stéréotype du coureur paré de vêtements près du corps aux couleurs agressives, il n'en reste pas moins que ce groupe de praticiens développe une véritable esthétique liée notamment à la recherche du perfectionnement de la technique et fonctionne selon des modes d'existence spécifiques. La qualité des mouvements, l'aspect chorégraphié, l'adaptation continue de la position dans l'espace, la communication non verbale, les rites développés et les modalités variées de pratique de l'activité « courir en ville » sont autant d'éléments sur lesquels nous reviendront pour justifier que le groupe social des coureurs développe une véritable esthétique et mérite que l'on prenne du temps pour observer cette pratique urbaine quotidienne devenue banale à nos yeux.
Pour cette analyse, il s'est agit d'interroger l'activité « courir en ville », comprise comme une pratique consciente et pleinement vécue en tant qu'expérience, puis de nous demander en quoi est-elle productrice d'une forme esthétique à la fois pour le coureur et pour le citadin qui s'arrête un instant pour l'observer.